Chapitre 3

Je fus tirée de mes pensées lorsque Ethan commença à me secouer.

"Allez Bri, on est arrivés." Je pouvais entendre la sympathie dans sa voix. Il ne voulait vraiment pas me sortir, mais il le devait. Je débouclai lentement ma ceinture de sécurité et sortis de la voiture. Je fermai la porte et restai là, regardant le magasin. Les gens me fixaient, mais je n'y prêtais pas attention. Ethan vint rapidement à mes côtés et m'emmena à l'intérieur du magasin. "Bri, je sais que tu as peur, mais je ne laisserai rien t'arriver. J'espère que tu le sais."

Je le regardai et hochai la tête. Il soupira simplement et continua de me tirer pour que nous puissions rentrer plus vite. Nous prîmes un chariot à l'extérieur du magasin. Nous entrâmes ensuite dans le magasin frais. La bouffée d'air nous frappa comme des briques. Elle rendit mon nez froid et ma gorge sèche. Je frissonnai et me rapprochai d'Ethan, essayant de trouver un peu de chaleur.

Je regardai à ma gauche et vis des étagères de conserves. À ma droite, je vis une famille qui choisissait quel mélange de gâteaux acheter. Dès que les portes automatiques s'ouvrirent, la famille nous regarda tous. Je les enviais. Ils semblaient tout avoir, mais je ne devrais jamais juger un livre à sa couverture. Je veux dire, quand mon père a commencé à me maltraiter, personne ne le savait.

Ils nous adressèrent un sourire compatissant et se retournèrent. C'est ça le problème, depuis que notre histoire est sortie, tout le monde nous regarde avec sympathie, comme si nous étions un verre qui pouvait se briser à tout moment. Ethan n'est pas un verre, mais je ne sais pas si je peux en dire autant de moi-même. Ethan prit un chariot et arpenta les allées avec moi sur ses talons. Il jetait des aliments et des choses dont nous avions besoin dans le chariot, évitant autant de gens que possible.

Juste au moment où nous tournions dans l'allée 8, je vis mon béguin d'enfance. Le garçon qui arrêtait mon monde, le garçon que j'aimais depuis cinq ans, Luke. Luke était le mec canon par excellence. Il mesurait environ 1m85, avec de beaux cheveux châtain clair coiffés vers l'avant. Il avait un anneau au nez et des yeux verts perçants dans lesquels on pouvait se perdre en les regardant.

Il était un adolescent de 16 ans très en forme. Il avait des abdos, un sourire extrêmement contagieux. Ses dents blanches et parfaites te faisaient fondre. J'allais m'éloigner avant qu'il ne me voie, mais c'était trop tard. Il leva les yeux et me sourit. Ce n'était pas un sourire compatissant, c'était un sourire amical. Il s'approcha alors de moi.

Mon cœur se mit à battre plus vite et mes mains devinrent moites. Je les essuyai discrètement sur mes jambes et essayai de sourire en retour. Une fois qu'il m'atteignit, je me sentis comme de la gelée.

"Salut Bri, comment ça va ?" Oh, laisse-moi réfléchir, j'ai été kidnappée, battue, touchée, affamée et marquée à vie. Je suis juste au top. Je voulais tout dire, mais je me mordis la langue, une des nombreuses choses que j'ai apprises à faire quand il m'a kidnappée.

"Je vais bien." Il leva la main à son cou et se frotta la nuque.

"Oh, euh, je me demandais juste si tu allais bien." Voilà, la question. C'est la question que je reçois tous les jours. Je veux dire, personne n'est vraiment jamais bien. Je pense que "ça va" est plus une auto-réassurance, pourtant je l'utilise aussi. Cela aide à sortir des conversations dans lesquelles on ne veut pas être.

"Je vais bien." Je baissai les yeux et me tortillai inconfortablement sous son regard.

"Oh, c'est bien." Il rit nerveusement et nous restâmes là. Il se mit alors à marcher vers moi à un rythme rapide. Mon cœur s'accéléra et un flashback commença.

"Je t'en prie, arrête ! Je t'en supplie, fais preuve de pitié." Il se contenta de rire et s'approcha de moi à grands pas. Mon cœur battait très fort dans mes oreilles. Il s'arrêta à quelques centimètres de mon visage.

"Tu n'auras jamais ma pitié. Tu seras piégée ici pour toujours." Il riait sombrement alors que des larmes coulaient sur mon visage comme un ruisseau. Il leva la main et elle entra en contact avec le côté de mon visage. Je mordis ma lèvre pour retenir le gémissement que je voulais laisser échapper, mais je savais qu'il me ferait plus de mal s'il entendait le moindre son de ma part. Coup après coup, coup de pied après coup de pied, il me frappait et me faisait vouloir arrêter de me battre encore plus.

Je fus tirée de mon rêve éveillé par mon corps qui était secoué. Les yeux de Luke apparurent dans mon champ de vision et je commençai à trembler toute seule.

Forrige kapitel
Næste kapitel
Forrige kapitelNæste kapitel