


3
Morgan pov.
"Pluie ?" Je hausse les épaules, ne voulant pas que l'homme voie la joie en moi à connaître le nom du loup aux oreilles grises. Ça lui va bien, ses six pieds et quelques pouces.
"Si c'est comme ça qu'on l'appelle, alors oui. Que faudrait-il pour que tu te sépares de lui ?" Un nuage sombre passe dans les yeux de Gérald, mais je garde mon calme. Après avoir travaillé sous les ordres de Sinclair pendant deux ans, il y a très peu de choses qui peuvent encore me faire peur. Gérald n'en fait pas partie.
"Il ne vaut pas la gomme raclée de ma chaussure." Le mépris dans sa voix est clair, ce qui va rendre mon travail beaucoup plus facile. "Je le laisserai partir pour cinq mille." Je lève un sourcil.
"Pour quelque chose qui vaut moins que la gomme raclée de ta chaussure ?" Il me lance un regard noir avant de réaliser que je suis un client potentiel et sourit.
"J'ai mis beaucoup de travail en lui, tu vois. Il ne me rapporte pas l'argent que j'investis. C'est mauvais pour les affaires. Je suis sûr que..." Je lève la main et secoue la tête.
"Épargne-moi la leçon. Tu l'as acheté à l'international ou localement ?" Pour cinq mille, il vaut mieux qu'il soit international.
"Local." J'ai presque envie de rire aux éclats.
"Tu veux que je te l'achète pour cinq mille alors que tu l'as acheté localement même s'il est international ?" Cet homme doit plaisanter mais non, il hoche la tête, devenant un peu rouge autour du col. "On dirait que je l'achète à perte. Si je l'achetais à l'international, je comprendrais mais tu l'as acheté localement. Combien as-tu payé pour lui ?" Il ajuste sa cravate, l'air agacé, alors je remets une mèche de cheveux derrière mon oreille, veillant à ce que les trois cercles entrelacés sous mon oreille gauche soient visibles.
"Je l'ai eu pour deux mille cinq cents." Je ne cache même pas la surprise sur mon visage.
"Et tu demandes le double pour lui ?" Je prends une profonde inspiration et hoche la tête. "Je te le donne pour trois mille local et je renonce à la responsabilité." Je propose, sachant que l'affaire est trop bonne pour ne pas être acceptée. Gérald me regarde pendant dix secondes avant de hocher la tête. "C'est un plaisir de faire affaire avec toi. A-t-il des marques ?" L'homme secoue la tête, l'air peu satisfait de moi mais je m'en fiche. J'obtiens Pluie et il obtient plus d'argent qu'il n'a dépensé, plus aucune des ramifications légales si Pluie s'avère être un échec, ce que je ne pense pas qu'il sera. "Pouvons-nous finaliser l'affaire après son match ?"
"Bien sûr, si tu veux perdre ton temps à le regarder. Il ne va pas gagner de toute façon." L'homme marmonne et s'éloigne en piétinant. Je retourne vers le ring de boxe, regardant Pluie et le chat blond se lancer des coups de poing.
"Alors ?" Je souris à mon amie, et elle grogne, se pinçant l'arête du nez de déception. "Ça va mal finir et je ne t'aiderai pas quand ça arrivera." Elle me dit. Je hausse les épaules ; ça ne peut pas être aussi mauvais que toutes les conneries dans lesquelles Sinclair nous a embarqués quand elle a approuvé l'expansion si près de Gloss. Si le secteur quatre déclare la guerre, j'aurai au moins mis fin à ma période de disette.
Il faut encore dix minutes à Rain pour remporter un KO au cinquième round contre le chat blond. Le loup aux oreilles grises ne sourit même pas à sa victoire, il sort simplement du ring en laissant derrière lui la foule en liesse, et je me retrouve encore plus intéressé par lui. Je pars à la recherche de Gérald Hutting et lorsque je le trouve, il a déjà le contrat prêt. Je prends la tablette de ses mains, la lis attentivement avant de passer ma montre dessus pour y apposer ma signature.
"Il est ton problème maintenant." Sa voix est rauque et mécontente, sans doute à cause des pièces qu'il pense avoir perdues. "Je te le ferai livrer d'ici demain matin." Je vérifie ma montre et secoue la tête.
"Non, je le veux chez moi avant minuit et je veux le voir avant de partir." Gérald semble sur le point de protester, mais Margot lève un sourcil à côté de moi.
"Y a-t-il un problème ?" J'ai presque envie de lui demander pourquoi elle m'aide maintenant alors qu'elle a juré que c'était une mauvaise idée, mais je garde mes questions pour plus tard. Gérald secoue la tête, nous faisant signe de le suivre alors qu'il nous conduit hors de son bureau et à travers une série de couloirs.
"Il est là-dedans." Il souffle puis s'éloigne, nous laissant Margot et moi avec un assistant. Je ne perds pas de temps et pousse la porte, trouvant le loup à l'intérieur de la petite pièce, faisant les cent pas dans un coin comme un animal en cage. Il a un traceur autour de la cheville, et je fronce les sourcils en voyant cela, sachant qu'il y a de meilleures façons de les suivre sans les humilier ainsi. Lorsque je referme la porte derrière moi, il lève enfin les yeux vers moi et grogne profondément dans sa gorge.
"Ce n'est pas très gentil." Je lui dis en attrapant la chaise à côté de la porte et en la plaçant au milieu de la pièce, m'asseyant dessus les jambes croisées. "On essaie encore une fois. Je suis Morgan Cane, quel est ton nom ?" Il plisse les yeux vers moi, et je lève un sourcil, attendant sa réponse.
"Tu connais mon nom." Sa voix est rauque, comme celle de quelqu'un qui ne parle pas souvent, et avec Gérald comme ancien maître, je ne vois pas pourquoi il aurait voulu parler à cet homme.
"Faisons comme si je ne le connaissais pas." Je réponds sèchement et il arrête de faire les cent pas, tournant la tête d'un côté à l'autre en me fixant. "Je vois que personne ne t'a appris les bonnes manières. Essayons encore une fois, et j'attends une réponse cette fois." Je le préviens. "Je suis Morgan Cane, quel est ton nom ?" Il laisse échapper un grognement mais reste silencieux. Je décroise les jambes et pose mes paumes sur mes cuisses, les serrant un peu avant de me lever lentement et de marcher vers le loup. Il me regarde, restant immobile alors que je fais le tour de lui. Grand, même avec mes talons. Large d'épaules, musclé à souhait. En sueur et mal élevé. Je m'arrête devant lui et attrape son entrejambe, enfonçant mes ongles dans sa chair. Il se penche en avant, grognant bas dans sa gorge mais nous savons tous les deux qu'il ne peut pas bouger, sinon il souffrira encore plus.
"Mon nom est Rain Redwood." Il souffle et je relâche son entrejambe impressionnante, non sans lui donner un avertissement en serrant une dernière fois. Il se redresse et me regarde, surpris et un peu appréhensif.
"La prochaine fois que je te pose une question, tu me réponds." Je regarde sa pomme d'Adam monter et descendre et il hoche la tête. Satisfaite, je lui adresse un sourire et quitte la pièce. Ça va être amusant.